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J'ai lu cet article en entier comme suggéré par son auteur et c'est un bon article, bien écrit et intelligible. Mais qu'y répondre sur le fond ? Il y est abordé autant de sujet qu'il n'y en a dans plusieurs mois d'actualité télévisée. Je choisis donc de discuter l'un des sujets effleurés, celui des cités et de l'intégration. Cela me parait tout à fait central pour comprendre la quasi-totalité du mal français.
Extrait de l'article:
Il est terrible que l'on dise tout bas : « dans les cités, ils exultent », et autres confidences gênées, chuchotées comme si ce constat devait conduire en ligne droite au racisme. En étouffant le sentiment qu'il y a une forme de rationalité, voire de légitimité dans les événements du 11 septembre, on empêche tous ceux qui ressentent une injustice de la comprendre, d'analyser le conflit en des termes non religieux, non communautaires. On les abandonne à leurs réflexes identitaires. Près de la porte Pouchet, à Paris, par exemple, dans un quartier populaire mais pas particulièrement difficile, on peut lire, sur un mur, en grand : « Ben Laden Révolution ». La liste des agressions contre les peuples arabes est trop longue, et l'injustice vécue par les palestiniens ou les irakiens trop flagrante. La solidarité de certains jeunes maghrébins est désormais spontanée, immédiate et inconditionnelle, dès qu'un arabe, un musulman est pointé du doigt. ...
Fin de l'extrait
Le problème sous-jacent c'est l'intégration. Car tout ce qui s'oppose à l'intégration ne fait qu'amplifier les problèmes. Et il ne faut pas confondre les genres pour faire un amalgame facile. Le coup du 11 septembre n'était pas le fait des jeunes des banlieues défavorisées du Nord parisien ou de Lyon. C'était le fait de 15 militants extrémistes ressortissants d'Arabie Saoudite et infiltrés aux USA dans le seul but de perpétrer les attentats. Deux parmi les 17 membres identifiés du commando étaient d'origine défavorisée - algérienne française sans doute manipulés par les commanditaires qui sont des fils de Satan et les disciples du roi du pétrole. Car le quotidien en Arabie Saoudite est loin de celui des jeunes des banlieues. Faut-il fournir des preuves ?
Alors arrêtons là cet amalgame. Je tiens plus sérieusement à faire part de mon point de vue sur l'intégration. L'argent de l'état ne peut pas acheter l'intégration des jeunes de banlieue. Les onéreux programmes d'intégration n'y parviendront pas non plus. Ce n'est pas en construisant des stades flambants neufs et en implantant des MJC au milieu des cités que les jeunes découvriront le reste du monde. La mascarade de l'élection d'un Imam de France n'est pas non plus une solution pour ce qui concerne l'intégration.
Non l'intégration ne se fait pas lorsque les individus restent isolés, physiquement du milieu qui est sensé les recevoir. Pour briser l'isolement, il faut parler, discuter, accueillir, échanger. C'est d'un changement culturel profond dont a besoin la France si elle veut intégrer ses jeunes. Mais le veut-elle vraiment? Il faut se faire violence. Il faut aller vers son prochain. Il faut oser lui adresser la parole sans ressentir le ridicule d'aborder un inconnu. Il s'agit d'admettre l'existence de son prochain.
Qui a voyagé dans le Maghreb sans voir que nous, Européens, nous y sommes plutôt bien accueillis. Pourtant, il n'y avait pas de programmes sociaux pour nous ! Est-ce que nous nous intégrons facilement parce que nous sommes plus évolués qu'eux ? Ou parce que plus riches et arrogants ? Si c'était le cas, les pauvres et les campeurs démunis ne devraient pas se sentir bien là-bas. Non, nous nous intégrons à l'étranger parce qu'on daigne nous parler. Parce que les gens autour de nous sont spontanés. Parce qu'ils nous intègrent dans leur espace, dans leur communauté et dans leur culture. La réciproque en France est tout à fait inexistante.
Quand je me rends à l'étranger, que ce soit au Maghreb, aux USA, en Espagne ou en Angleterre, je suis toujours agréablement surpris par la capacité des nationaux à converser pacifiquement avec leurs semblables, fussent-ils étrangers, et ce quels que soient les différents qui les opposent.
C'est à mon sens cela le secret de l'intégration légendaire des étrangers aux USA durant 3 siècles. Et ceux-ci n'y ont jamais perdu leur âme. Il faut environ 3 ans pour intégrer un immigrant là-bas et plus de 2 générations ici. Pourquoi? A cause du mutisme de la rue, de cette arrogante ignorance d'autrui qui est vite ressentie par l'isolé comme hostilité. Le silence est une insulte, la solitude qu'il provoque est une violence, bien pire que la violence physique.
Voilà, pour bien intégrer, je dirais qu'il faut commencer par apprendre à accueillir.
Extrait remarquable:
Et si c'était cela, la véritable humanité, pourtant ? Et si c'était une forme de sagesse d'accepter ces deux sentiments en apparence contradictoires, et pourtant si cohérents ? Je la revendique, moi, cette double solidarité, cette double compassion, et je crois qu'il y a quelque chose de barbare à la refuser, à nous vouloir à tout prix dans un camp, et pas dans les deux en même temps. Ne laissons pas cette double appartenance aux seuls immigrés, aux enfants d'immigrés, voire à tous ces fantasmes de l'infiltration. Cette injonction d'être « des deux côtés » à la fois, c'est le principe même de la compréhension, de la solidarité, qui ne peut être qu'universelle dans son principe. Il ne s'agit pas d'être solidaire de crimes, bien entendu, mais d'être solidaire de souffrances, ces souffrances qui poussent, lorsqu'elle ne sont pas entendues, des individus à bout d'espoir à se suicider.
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